bienvenue
à Mons-les-bidounes le trajet dure une heure essayons d’en décrire l’itinéraire
les bidounes donc sous col croisé de shetland rose chiné les bidounes la fraicheur
humide à la place quand la porte se claque sur la rue la vitre tremble à cause
d’un gnon de fin de soirée a-t-elle vraiment une voiture peut-être a-t-elle
déposé sa voiture en train ce qui expliquerait pourquoi elle n’en a pas
aujourd’hui c’est vraisemblablement impossible donc elle abuse je marche à
grandes enjambées pour le métro qui est presque le dernier et qu’il faut
attendre de toutes façons puis le terminus je laisse le petit pont de bois
sombre sur mon flanc droit je continue sous l’éclairage public pour pénétrer
l’espace utopien par la zone syrienne avec ses terrasses imaginées sous l’ombre
des pins parasols dans une région sans pin ni soleil les terrasses en surplomb
d’une mare aux canards artificielle aucun marcheur sur la voie balisée pour la
marche un spot de pêche sans pêcheur un autre jour je m’y assied pour lire mais
pas tranquille tout droit tout plat long comme un désert qui laisse la soif en
arrière on passe dans l’ombre d’une masse immense qui repose sur la gauche
comme la sépulture de King-Kong dans le Bois des Dames puis la brume des marais
puis le marais immobile comme une membrane sourde d’où peut surgir une créature
à dos d’écailles voire même des vagabonds c’est la nuit des créatures King-Kong
puis la créature à dos d’écaille puis la créature avec les bidounes je marche guidé
par son étoile qui est le soleil à la lueur des lampions de la gare jusqu’à la
zone portuaire que l’on devine de loin grâce à son sémaphore magnétique on
entre par l’espace des machines avec ses cheminées de combustion le cargo
amorce le virage mon cargo avec ses traîtres qui se donnent en spectacle
derrière les hublots de loin on devine des mines de sacristains des mines de
banlieusards des mines de routines je descends l’avenue je passe devant la
niche de la fée aux rubans j’aimerais contourner la niche pour regarder ses
ailes à travers la paroi vitrée pour voir comme elles sont belles mais c’est trop
tard
samedi 28 décembre 2013
dimanche 22 décembre 2013
Sophie
j’aimerais que nous l’appelions Sophie je suis frappé par la beauté de cette
idée idiote le principe même de l’illumination je sais qui est Sophie je sais
ce que représente Sophie mais il me semble que nous nous trouvons en présence
d’une manifestation paranormale pour en savoir plus prenons le dictionnaire
même dans l’obscurité la plus profonde on peut tout faire dans l’obscurité la
plus profonde même de la plongée sous-marine à l’horizontale le canard à
l’indienne mais c’est épuisant le dictionnaire avec l’écorce de sa couverture
couleur d’écureuil Sophie donc la reine de la forêt la déesse de la forêt la
princesse de la forêt je ne me souviens pas rappelons nous qu’il fait nuit je
reste donc sur l’illumination et je pleure sur la beauté de cette idée idiote
samedi 21 décembre 2013
celle
que je sers dans mes bras et celle qui déboule par le haut sur le siège d’une moissoneuse-batteuse
pilotée par le chef de camp sont la même les mêmes bouclettes la même poitrine
le même parfum la semaine passée puis la vie depuis bien sûr il y a des rencontres dans la vie depuis mais il s’agit d’autres
personnes bien sûr il y a tout le reste de la vie depuis mais il ne passe pas il
reste en travers de la gorge il n’a pas été digéré il demeure en attente il est
dans le passage il lui manque l’agrément du souvenir nous consacrons la semaine
à bavarder autour d’une orangeade qui est le jus du soleil et puisque le temps
de nous quitter vient nous nous étreignons par politesse nous nous étreignons
pour nous remercier mutuellement nous nous étreignons pour nous imprimer
mutuellement dans la matière molle de nos corps
vendredi 13 décembre 2013
commençons
par les ruines pas de verdure les ruines d’ici sont des ruines d’Empire des
angles de béton cassé qui forment des tas parsemés de bidons noircis par les
miséreux de passage des barres d’habitations collectives sur le square de
schiste un arbre enterré par la tête avec les racines immobiles dans le
crépuscule d’août gros plan sur la tête d’un gamin posée à même le béton comme
un débris de statue la pellicule saturée par la lueur blanche qui imprègne la
brume un filet de sang coule du front creuse une rivière dans la tignasse peroxydée
jusqu’à l’œil qui se met à pétiller sous l’effet de la sauce tomate la fille
est venue raconter cette histoire la fille boit une bière avec les amis et ses
cheveux changent de couleur au fil du récit
dimanche 8 décembre 2013
sensucht
que serions nous devenus ce n’est pas facile avant de pouvoir passer de l’autre
côté il y a tous ces camions et toutes ces voitures tous ces pare-chocs encore
chromés au pays c’est les fifties tout le monde veut des blues jeans ça dure
depuis plusieurs jours rien ne bouge c’est l’immobilisme avant le basculement
c’est dans l’air tout le monde a compris ça je ne saisis pas la différence
fondamentale entre le lait le jus d’orange le coca-cola l’eau mais j’ai compris
ça comme tout le monde commençons par les ruines le portail immense est écrasé
par la verdure on ne reconnait plus rien le pont de singe n’est pas dans
l’image il doit subsister des débris de planches et de chaîne sous les branches
un skateur s’élance sur un toboggan minuscule jadis grand
comme une église les trucks glissent sur l’arrête d’une table de buvette rouge
il suffit d’un coin pour que la tête s’ouvre comme le front blond du polonais
tombé du pont de singe quand nous sommes venus en autocar le parking à autocars
est plein ça vient du pays entier pour les enfants et pour les fleurs à
repiquer dans les jardins de corons qui dans leurs couleurs et leur folie sont
les plus beaux jardins du monde
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