des
routes et des routes des monticules et des rivières à remplir des lits de
rivières qui s’assèchent aussi sec et se craquèlent comme des peaux d’avocat au
soleil la terre nue comme au premier jour bientôt se recouvre de vert puis les
tiges sortent en s’enroulant dans l’air perçant la toile du sommeil avec ses
champignons mi-bois mi-terre bientôt la forêt minuscule devient dense comme la
choucroute Cacal est content de me montrer Cacal est fier avec
son casque de légende découpé dans une carcasse de ballon et décoré d’une
ligature de chanvre mal tissé fier comme un enfant fier sans arrogance pourtant dans un geste de méchanceté pure je le lui arrache
des mains pour le jeter au milieu de la minuscule forêt Cacal en pleurs et moi
coupable arpentons les routes les monticules les creux les lits de rivières à
la recherche du casque de la légende à jamais englouti
mercredi 27 novembre 2013
samedi 23 novembre 2013
un
mauvais calcul un arrondi par défaut la voiture s’arrête et dépose père et
enfant l'enfant avec ses jouets c’est le rond point près de la déchetterie il faut aller
de l’autre coté de la ville en pleine nuit parmi les loups qui se nourrissent
d’ordures parmi les loups à l’œil larmoyant et au ventre creusé qui mordent
dans les emballages plastiques en imaginant qu’il s’agit de collagène une
petite tige métallique à l’extrémité filetée avec un écrou noyé dans le
collagène translucide et rugueux une grosse goutte de colle noie l’écrou autour
de la tige filetée une goutte qui s’étire toute lisse et translucide la gamine
a avalé du collagène par le fondement pendant l’insouciance d’un jeu qu’elle
s’apprête à recommencer c’est écrit si fort que ça râpe les oreilles le
collagène de sa gorge irrite le collagène des tympans du monde qui se replie en
lui-même il se protège de ses propres enfants il les jette dans le froid puis
referme la porte la gamine prend le train matinal avec son régulier et un
berloqueux à grands pieds aux cheveux ras comme la barbe sous sa casquette qui
coure vite la gamine montre son derrière à la bourgeoise d’en face pour
recueillir son avis sur la chose la fraicheur sue derrière les vitres les
portes coulissent le trio saute sur le pavé froid pour se mettre en quête d’un
gorgeon de café-gnôle d’une meule de foin ou d’une lueur insoupçonnée
mardi 19 novembre 2013
la
baleine se hisse sur le rebord carrelé comme un phoque de cirque la baleine est
solitaire la baleine plonge c’est une fleur qui s’ouvre c’est un embrasement de
silence son visage est un modelage sur la surface d’un ballon tout soyeux tout
doux tout rond la baleine fixe l’envers des profondeurs à travers ses hublots
roses arrondis de stupeur devant l’étroitesse de ce monde coincé sous le faux plafond du ciel
jeudi 14 novembre 2013
le cri
de la vitesse est le miroir arrondi d’un chrome qui se brise en étincelle
Rungis à la radio ils disent juste quand des oisillons ont loupé leur envol d’abord
le ronflement comme à l’approche de la Grande Plage puis l’odeur de caoutchouc
plus tenace encore que celle du BP vert et du BP rouge la rage crache toute sa
nicotine dans une trompette qui sonne comme du carton à pétard et les pistons
martèlent les culasses en un chant de galérien we want freedom Rungis c’est
dimanche c’est journée c’est un autre siècle le silence c’est une plaine de
déchets sur lesquelles des corbeaux fondent comme des bombe sans un bruit les
impasses sont désertes pas de femme panthère pas de Nicole Kidman pas sa
tignasse rousse penchée sur le boudin jaune enrobant la barre de son
guidon chromé
lundi 11 novembre 2013
je
trouve cette paire de chaussures dans une petite boutique de quartier au détour
d’un virage en pente pavés gris ciel mur gris ciel gris et la vignette jaune et
noire dans le coin en bas gauche cette boutique est tellement terne qu’elle
doit vendre des articles de pêche et des chaussettes de flanelle grise il est
donc logique de retrouver les dites chaussettes joliment tirebouchonnées sur
les chevilles d’une vendeuse d’un jour chaussée des souliers convoités jusque
dans les rêves tout ce temps passé à paraître normal est du temps perdu car le
monde qui ne s’intéressent qu’aux anormalités est bien loin de se douter de
l’ampleur des efforts
samedi 9 novembre 2013
c’est
au croisement de ces quatre vents que Kémajou m’appelle en profitant de mon
indisposition pour s’absoudre sachant qu’en temps ordinaire ça ne passe pas
comme une lettre à la poste puisqu’il nous vient l’intérêt de l’esthétique des
objets cernons de plus près cet étrange décapsuleur qui ressemble au sextant d’Ogoun
Féraille de près on dirait que la rouille est de la peinture une mascarade de
vieillissement pour Gringo comment en être sûr ça ne manque tout de même pas de
cachet témoin de ma curiosité le camelot met l’objet en branle il sait rester
digne en manipulant ce décapsuleur d’une lubricité sans pareille son regard
m’escalade et cloue mon nez pour le sonder d’un air entendu je décline poliment
quand je constate à quel point le métal devient rouge comme un steak de bœuf
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