samedi 19 avril 2014

assis sur un coin de lit au fond du couloir fermé par un vitrage sans poignée le soir doit être tombé depuis longtemps je réalise brusquement que je gesticule au fond d’un aquarium d’ambiance même si aucun passant ne semble y prêter attention pour le moment je vais fermer les volets ce que je ne peux pas faire de l’intérieur il faut donc que je sorte de la maison je laisse la porte d’entrée entre-ouverte et je longe la bâtisse pour atteindre la fenêtre je double une foule de passants qui marche tous dans la même direction ils vont là où se trouve ma fenêtre je longe un bâtiment de béton à la peinture jaune décrépite des vestiges de noms en grosses lettres rouges sur la croute du portail je prends conscience que je me suis bien trop éloigné de la porte d’entrée laissée entre-ouverte et je décide de faire demi-tour même si je ne dois plus être très loin de la fenêtre j’accélère le pas c’est à n’y rien comprendre il est 1h52 et il fait jour comme au milieu de l’après-midi je marche désormais à contre-courant je croise beaucoup de militaires à la mine paisible ils sont coiffés de larges casquettes soviétiques et plastronnés de décorations multicolores large comme des médailles en chocolat il y en a plein partout je finis par atteindre la porte d’entrée Philippe est à l'intérieur avec son ami tatoué qui doit l’aider à décorer son appartement ils sont donc venus préparer le chantier chez moi le tatoué a les idées claires il explique les nuances de couleur à partir des motifs existants et explore plusieurs dispositions possibles comme un album de photographies je commence à douter de son bon goût lorsqu’il parle de ramages avec des dauphins qui bondissent d’une mer agitée à la manière d’un décor d’auto-tamponneuses le travail avance comme Philippe l’entend il est donc question de se reposer sur le canapé en regardant une vidéo musicale le tatoué est assis à ma droite il saisit ma main ses doigts sont larges chauds et légèrement râpeux comme des galets au soleil je joint mon autre main avec un sentiment mêlé de curiosité et de réconfort solennel comme attirée par ces gros doigts à la texture de galet je ne pense pas que ce jeu se prolonge plus de deux minutes avant que je ne plonge dans un sommeil conscient un sommeil que je crois possible de déchirer à tout instant comme une pellicule de papier mais je n’en fait rien et je glisse dans la gouttière d’un toboggan jusqu’à me retrouver sur le sol empêtré dans une couverture verte c’est à mon réveil que Philippe m’explique que le tatoué maîtrise l’hypnose à regards parallèles qui se pratique côte à côte par entrelacement des doigts

lundi 14 avril 2014

j’attends ils ne devraient pas tarder d’ailleurs ils sont là et je n’attends pas je suis en retard je dois encore faire tous ces trucs que je pourrais faire plus tard mais je préfère les faire maintenant on n’est pas à cinq minutes par exemple il faut que je remonte la fermeture éclair de mon anorak noir à motifs fuchsia sur les manches une voiture devant le muret elle n’est pas très bien stationnée car on n’a pas le droit de stationner devant le muret mais ils ont l’air calme j’ai un peu de temps et c’est ainsi que le temps passe quand je sors je m’aperçois qu’il n’y a pas une mais deux voitures je me dirige vers le garage pour laisser entendre que je gère le timing je tombe sur une canette dressée au bas du cadre de la porte écaillée de peinture bleue une canette dressée comme une ode à Francis ils exagèrent il faudrait bien le leur dire mais ils sont jeunes et il n’y a pas de malice cette canette est un moment à ne pas enjamber je change donc de porte j’essaye d’ouvrir celle de l’arrière cuisine maçonnée comme une tourelle mais la clef coince je prends donc la direction du hangar à voiture qui s’ouvre sans difficulté sur l’intérieur du garage caché derrière la canette c’est comme avant mais plus pareil tout est sens dessus-dessous un empilement d’échelles et d’étagères de bois noirci rangées sur la tranche des dizaines d’années d’archivage sur un garage de terre battue avec au milieu le Haro à roues jaunes avec un nouveau guidon Vector comme un marque page au milieu des couches de bois noirci j’enjambe les étagères j’enjambe tout pour prendre le skate derrière tous les autres oubliés empilés comme d’autres couches de bois des skate aux formes classiques non technologiques primitives sauf une double pelle à tartes au maquillage indien fluo tout le reste est du bois clair avec des roulettes en dessous je sors la Kisiwa du garage et je tombe nez à nez avec la bande des deux voitures stationnées devant le muret je les salue tous un par un et m’excuse pour l’attente ils me disent que ce n’est pas grave ils me disent qu’ils ont juste deux heures de canettes il y a des garçons et deux filles une troisième à l’écart sans skate avec un bonnet sur la tête et des joues en tricot elle tient un cerf-volant pourquoi pas elle est à sa place dans ce rassemblement c’est un jour de retrouvailles je tâtonne sur la planche ils sont tous devant je ne cherche pas à les rattraper je goutte l’ivresse du retour je reconnaît le flex ce bon vieux flex des familles

dimanche 6 avril 2014


la sortie du collège bisou sur la barre du pompier bisou sur la lippe qui se dresse comme un horizon le sommet d'une vague magistrale une marche funèbre bisou gros boudin bisou petit boudin tacotac ne pas croiser les regards ne pas croiser les yeux de verre par crainte de malédiction la mère d’élève avec son sac à main en plastique dur quatre lettres obscènes sur son front quatre lettres qui gueulent comme un klaxon une église pour chaque lettre en fuchsia sur fond blanc la sortie du collège est un monticule anguleux clac clac à la montée clac clac à la descente picador dans les reins une rampe d’accès citoyenne pour ne pas oublier sa condition d’handicapé arriver nez à terre l’horizon au pris d’un torticolis soutenir son regard quand on ne sait pas décoller le nez de la naissance de ses chevilles faire au plus simple raccourcir la suspension bisou petit boudin quitter la salle de bal sans avoir été annoncé ne subsiste dans l’air qu’une interrogation sans fondement se repaître du froissement des cheveux sans les cheveux

mercredi 2 avril 2014


le romantisme est un arbre nous ne nichons pas tous sur la même branche c’est la raison pour laquelle l’arbre en a plusieurs