dimanche 31 décembre 2017


est ce à la suite d’une chasse aux communistes aux cosmopolites ou aux libres penseurs que nous nous retrouvons dans une grange en périphérie urbaine on y pénètre par de larges portes en bois vermoulu bien que recouvert d’une épaisse couche de peinture vert sombre à l’aspect naturel au regard du macadam trempé de ciel gris les accès sont constamment surveillés par un relai de tour de garde l’immensité de l’espace sous toiture est divisé en vastes salles collectives qui hébergent une communauté permanente et quelques invités de passage identifiables à la croisée de leur regard l’ambiance est détendue on peut fumer à l’intérieur où dormir est la question qui traverse l’esprit lorsque tout le monde se regroupe dans le réfectoire pour le premier repas puis les jours passent on ne sait comment sans que cette question ne ressurgisse il est d’avis que nous pourrions apporter une contribution immédiate à l’aménagement de la cour intérieure et il ne faut que peu de temps pour y creuser une vaste piscine praticable par beau temps les berges rugueuses en carrelage mal dégrossi permettent difficilement l'exercice du grind néanmoins la profondeur appréciable autorise le plongeon sans risque reste la question de cet ilot creux central surplombé de mâchoires grises encombrantes et disgracieuses dont nous autres concepteurs et constructeurs ne comprendrons jamais l’utilité

jeudi 28 décembre 2017


c’est une maison sur les hauteurs entourée d’une allée de sable jaune abritée par des arbres qui sentent la lavande la salle de bain est un plongeoir debout dans la cabine de douche on se trouve à l’aplomb d’une médina avec ses constructions plantées de guingois dans le sable blanc puis c’est  la zone plus sombre et plus vive  de la ville historique qui rayonne dans le prolongement du port puis c’est l’océan le bleu profond à perte de vue découpé aux ciseaux dans la densité de la terre en s’écaillant le bac de douche laisse apparaître les couches de peinture successives que l’on pourrait dater en se référant à l’esthétique des époques c’est l’empreinte du temps délavé fossilisé dans la sécheresse de ces dernières années la cabine de douche ne sert plus et ceux qui n’ont connu que le gris du ciel et des rues ne peuvent pas soupçonner le crépuscule ensoleillé qui se déploie désormais par la fenêtre de la salle de bain

dimanche 24 décembre 2017


c’est pour une pièce qui traite de la pensée sociale un rôle d’acteur deux acteurs en tout deux échelles de meunier qui s’élèvent en parallèle à une cinquantaine de mètres de manière à placer les voix au-dessus du niveau d’eau d’un lac suspendu il n’y a pas de répétition personne ne sait à quoi s’attendre il faut donc choisir ce long manteau à grandes poches pour être capable de faire face une fois là-haut la salle de spectacle est une église quelques connaissances parsèment la foule assise dignement comme à l’office au passage caresser la tête d’une amie qui retourne son regard en attente sur le modeste cortège on peut craindre que la scène ne permette pas de montrer le dispositif dans toute sa hauteur mais l’effet n’en est que plus intéressant une large porte s’ouvre au fond du cœur son battant dépasse la hauteur du plafond les marches dont la trajectoire est soulignée par des projecteurs ascensionnels s’élèvent vers l’infini il s’agit d’entendre l’histoire sociale vue d’en bas sous la pluie d’une parole divine comme du Tahiti douche c’est l’intelligence de cette scénographie qui en substituant la parole sociale au message divin lui redonne sa place usurpée le metteur en scène est très avenant il parle de Trotski avec le sourire serre la main des protagonistes et c’est parti