la fille à la limite de l’albinisme souffle
comme une bucheronne tandis que l’autre avec ses chaussettes dépareillées
machouille du plastique dur comme une carapace de tortue d’où la difficulté c’est
grimaçant au possible et ça n’en finit pas c’est une grosse bête rageuse qui
respire de partout et qui en ruant projette du sable directement dans les
tympans
samedi 31 mars 2018
dimanche 25 mars 2018
au fur et à mesure que l’on s’éloigne du
domicile on repénètre en territoire connu qui se révèle dans les tâches de
lumière diffractées par les arbres cela commence par King Kong allongé non loin
de la mare aux crapauds-singes ce trajet en ligne droite nous fait tourner puis
retourner autour du point de notre naissance et le boulevard aux
concessionnaires n’y change rien en effet on ne tarde pas à longer le
majestueux half-pipe qui se dresse comme le printemps dans son vert tendre
adossé à l’hypermarché froid et pluvieux c’est ici que la bicyclette finit sa
course en s’asseyant au milieu du carrefour invitant toutes les automobiles du
boulevard des concessionnaire à aller se faire mettre juste dans le virage se
trouve la boutique de l’épicier dragueur algérien puis c’est la maison des amis
qui possèdent un ordinateur de quoi passer des heures à écrire n’importe quoi
en buvant du thé et en écoutant Lou Reed ou Mark Eitzel et ses balançoires dans
la voix par le tiroir de la mémoire
jeudi 15 mars 2018
à l’intérieur d’une vitre un espace rempli de
niveaux et de couloirs à ciel ouvert délimité par un labyrinthe de barrières incompréhensible
si bien que l’on aperçoit forcément la personne et que l’on souhaite rencontrer
et qu’elle restera hors d’atteinte le temps de contourner l’inextricabilité des
choses il devient bien trop tard et on a beau enquêter auprès de ses
connaissances et même de ses amis croisés sur le chemin de la panique cela ne
change rien la quête se poursuit donc en extérieur on réalise alors qu’il n’y
aura plus moyen de faire marche arrière et on emprunte tout un champ d’hypothèses
qui brouillent les pistes jusque dans un autre labyrinthe qui est celui d’un
immeuble bourgeois aux grandes portes blanches grisées de plomb puis le
téléphone sonne il ne s’agit pas du téléphone rose de l’enfant abandonné à la
ludothèque mais d’un appareil en forme de cylindre métallique d’où sort une
voix d’homme très agressive qui parle de pollution sonore et d’hygiène
corporelle sur un ton réprobateur il est donc naturel de raccrocher les nerfs
en pelote et d’apostropher la vieille dame à perruque dans la pièce voisine
toute rigide dans sa robe drapée comme un coussin enfin c’est la sortie que l’on
devine au trait de lumière qui se faufile sous la porte mal jointoyée puis la
rue en forme de parvis qui se prolonge à la verticale par une façade Art
Nouveau il pourrait s’agir d’un repère fort mais en fait non
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