il se peut que tous les beaux moments aient
quelque chose à voir avec la mer ça commence par un questionnement sur le temps
qu’il fait sur le vent trop frais sur les rafales de sable qui piquent la peau
qui font hésiter les pieds tout doucement dans l’eau froide mais c’est
inéluctable et les pieds commencent à se soulever au-dessus de l’écume qui transporte
des charbons rouges puis l’eau vive est aspirée par capillarité jusqu’aux
extrémités des cheveux puis c’est le corps qui ondule pour rejoindre la mer
entrée dans le corps de l’autre la vague flotte dans l’air sans bouteille ni
sac plastique plus fragile qu’une bulle il faut tenir bon sans heurt ni déchirure
il faut devenir la mer Hawaï est un square de briques jaunes dans l’éternité
turquoise puis vient le moment où la mer se retire en aspirant le fond des
coquilles évidées qui essaient de retenir le film d’un soir d’été à la
plage sur le lisse de leur paroi nacrée