lundi 14 avril 2014

j’attends ils ne devraient pas tarder d’ailleurs ils sont là et je n’attends pas je suis en retard je dois encore faire tous ces trucs que je pourrais faire plus tard mais je préfère les faire maintenant on n’est pas à cinq minutes par exemple il faut que je remonte la fermeture éclair de mon anorak noir à motifs fuchsia sur les manches une voiture devant le muret elle n’est pas très bien stationnée car on n’a pas le droit de stationner devant le muret mais ils ont l’air calme j’ai un peu de temps et c’est ainsi que le temps passe quand je sors je m’aperçois qu’il n’y a pas une mais deux voitures je me dirige vers le garage pour laisser entendre que je gère le timing je tombe sur une canette dressée au bas du cadre de la porte écaillée de peinture bleue une canette dressée comme une ode à Francis ils exagèrent il faudrait bien le leur dire mais ils sont jeunes et il n’y a pas de malice cette canette est un moment à ne pas enjamber je change donc de porte j’essaye d’ouvrir celle de l’arrière cuisine maçonnée comme une tourelle mais la clef coince je prends donc la direction du hangar à voiture qui s’ouvre sans difficulté sur l’intérieur du garage caché derrière la canette c’est comme avant mais plus pareil tout est sens dessus-dessous un empilement d’échelles et d’étagères de bois noirci rangées sur la tranche des dizaines d’années d’archivage sur un garage de terre battue avec au milieu le Haro à roues jaunes avec un nouveau guidon Vector comme un marque page au milieu des couches de bois noirci j’enjambe les étagères j’enjambe tout pour prendre le skate derrière tous les autres oubliés empilés comme d’autres couches de bois des skate aux formes classiques non technologiques primitives sauf une double pelle à tartes au maquillage indien fluo tout le reste est du bois clair avec des roulettes en dessous je sors la Kisiwa du garage et je tombe nez à nez avec la bande des deux voitures stationnées devant le muret je les salue tous un par un et m’excuse pour l’attente ils me disent que ce n’est pas grave ils me disent qu’ils ont juste deux heures de canettes il y a des garçons et deux filles une troisième à l’écart sans skate avec un bonnet sur la tête et des joues en tricot elle tient un cerf-volant pourquoi pas elle est à sa place dans ce rassemblement c’est un jour de retrouvailles je tâtonne sur la planche ils sont tous devant je ne cherche pas à les rattraper je goutte l’ivresse du retour je reconnaît le flex ce bon vieux flex des familles

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