samedi 12 mai 2018

l’écho de leurs voix s’allonge à mesure que l’on descend dans la nuit comme dans un puit pour se préserver de l’urine des yeux du monde de nombreuses étoiles semblent suivre le même chemin avec plus d’appétit encore qu’en réalité elles ne font que converger vers l’île de lumière encerclée de son réseau de bretelles d’accès avec ses façades lumineuses intrigantes qui se dressent comme des jambes il faut bien reconnaître un caractère féérique à cette vision d’immensité qu’est le downtown Les Anges avant l’heure du loup mais le temps presse et la vie est ailleurs au-delà de cette île aux enfants de fantastique fantaisie que l’on laisse sur la gauche et qui disparaît aussi brutalement qu’elle est apparue alors la route devient plus étroite le temps se repose les voix retrouvent l’écho qui leur est juste et les étoiles ne filent plus la sérénité semble s’installer dans le confort d’un faubourg cossu avec ses enseignes faiblement clignotantes comme par réflexe et ses trottoirs vides de toute activité et de tout déplacement c’est la nature en pleine ville en contemplant les façades étroites et leurs ramifications de branchages en fonte on perçoit l’aspiration de la forêt et la présence des arbres qui soufflent leur haleine fraîche et humide au creux des nuques on peut stationner devant la porte du garage sans risque d’écraser les jambes des riverains qui ne dorment pas dans le caniveau le code d’accès à la porte d’entrée est inscrit dans la pression du doigt qu’il faut répéter de manière saccadée comme du morse jusqu’à ce que ça fonctionne l’escalier puis le palier du premier avec la porte entrouverte la robe couleur de temps change suivant le climat des saisons mais invariablement l’alcôve du salon est éclairée par le sourire de la grande sœur d’Amérique

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