l’écho de leurs voix s’allonge à mesure que l’on
descend dans la nuit comme dans un puit pour se préserver de l’urine des yeux
du monde de nombreuses étoiles semblent suivre le même chemin avec plus
d’appétit encore qu’en réalité elles ne font que converger vers l’île de
lumière encerclée de son réseau de bretelles d’accès avec ses façades
lumineuses intrigantes qui se dressent comme des jambes il faut bien
reconnaître un caractère féérique à cette vision d’immensité qu’est le downtown
Les Anges avant l’heure du loup mais le temps presse et la vie est ailleurs
au-delà de cette île aux enfants de fantastique fantaisie que l’on laisse sur
la gauche et qui disparaît aussi brutalement qu’elle est apparue alors la route
devient plus étroite le temps se repose les voix retrouvent l’écho qui leur est
juste et les étoiles ne filent plus la sérénité semble s’installer dans le
confort d’un faubourg cossu avec ses enseignes faiblement clignotantes comme
par réflexe et ses trottoirs vides de toute activité et de tout déplacement
c’est la nature en pleine ville en contemplant les façades étroites et leurs
ramifications de branchages en fonte on perçoit l’aspiration de la forêt et la
présence des arbres qui soufflent leur haleine fraîche et humide au creux des
nuques on peut stationner devant la porte du garage sans risque d’écraser les jambes
des riverains qui ne dorment pas dans le caniveau le code d’accès à la porte
d’entrée est inscrit dans la pression du doigt qu’il faut répéter de manière
saccadée comme du morse jusqu’à ce que ça fonctionne l’escalier puis le palier
du premier avec la porte entrouverte la robe couleur de temps change suivant le
climat des saisons mais invariablement l’alcôve du salon est éclairée par le
sourire de la grande sœur d’Amérique
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