mardi 20 août 2024

l’alignement des planètes tel qu’il se pratique dans les jardins publics japonais est une offre de voyage au centre de la terre la peau de la terre est riche de toutes ses teintes textures et granulosités elle est habillée de tous ses motifs et bannières sociales plus ou moins signifiantes l’alignement des planètes est un trait de caractère de la ville une fossette sur son sourire la saillie d’un tendon sur sa cuisse un bras étiré dans la conscience de son mode propre l’alignement des planètes imprime son temps en résonance et en réaction dans les pas des silhouettes de tous âges et de toutes conditions qui longent le parvis la forge des tambours n’en finit pas d’ancrer les racines tandis que les cordes frottées sur le bas de l’épine dorsale attisent le balancier des hanches et la rotation naturelle de la lune l’alignement des planètes ouvre quantité de fenêtres minuscules par où s’échappe la poussière et s’engouffre la lumière pour accumuler en son centre le potentiel d’une énergie susceptible de déraisonner l’état des choses

lundi 19 août 2024

Mary Poppins n’est pas la bergère allemande du shérif car des grelots de caniche pendent de son ruban tour-de-cou de satin rouge Mary Poppins n’est pas la canichette du responsable marketing car l’étiquette blanche avec prix et code-barre est restée collée sous la semelle grise de ses nouveaux escarpins à hauts talons Mary Poppins a le museau surmonté de lunettes à monture acrylique noire sa jupette à volants crème est le parapluie qui la porte dans les airs et l’élève toute droite au delà des nuages jusque dans les rêves étoilés des enfants

dimanche 11 août 2024

la face cachée de la lune c’est Dalida qui chante j’attendrai le jour sans terminer son refrain - les demi-lèvres et le coin de regard dessinés par Cocteau sous une cascade de cheveux ondulant comme un souvenir figé à la laque Elnett - les planètes semblent retrouver l’élastique envol qu’elles avaient lors de cet été érotique où Armstrong a marché sur la lune les résilles dont on habillait les premières montgolfières peuvent parfois les emmener plus près du soleil – la nuit se fronce à la taille sous le lycra qui bombe le cul de l’indécente beauté qu’elle sait déjà mais qu’il est doux que tout le monde sache - la nuit s’épuise en un trait qui laisse apprécier la revanche du soleil salé d’une chaîne de coquillages de Camargue – le cinémascope qui crépitait sur les moon boots d’Armstrong bégaye désormais sur les socquettes parmes corollées de blanc-mariée qui affleurent à la bordure de sneakers foulant silencieusement le pavé de la vieille ville

vendredi 9 août 2024

Sneakers piscine avec du chlore chandail caniche qui change de couleur suivant la pression atmosphérique de Lourdes tour de cou de ducasse entre les esquelettes et les jeux de cartes coquines cheveux plaqués à l’eau sucrée découvrant sous les oreilles des taches brunes qui dessinent un pointillé vers le regard sans soleil de l’hiver sans Noël

lundi 5 août 2024

Pierre Allure roule vite il dévale l’ancienne route comme un maboule file entre les ferrures du pont des suicidés puis plonge dans l’eau noirâtre sans freiner son vélo qui n’a pas de frein les silures s’en fichent les silures ont l’habitude Pierre Allure a une corde attachée au cadre de son vélo elle est verte de vase comme l’amarre d’une barque il sacque dessus en trébuchant sur les herbes folles de la berge c’est pour tout ça qu’il promène constamment dans son sillage un parfum de fond de rivière avec ses long cheveux trempés collés à son visage illuminé

jeudi 1 août 2024

Cordyline fait la fière dans sa jupette en carton paraffinée bien calée sur la cuisse de sa maman qui la tient par les hanches de sorte qu’elle se dresse altière parée de ses plumes vertes ourlées de rose - ses innombrables orteils minuscules fouillent la terre d’Ermenonville parsemée de poils de biquette