dimanche 26 janvier 2025

la dame du métro radote elle répète trois fois la même chose dans son micro en plastique les doubles-rames sont deux fois plus courtes que les simples et à l’heure où les anoraks deviennent aussi gros que des culs les sièges initialement petits restent de la même taille les silhouettes du métro sont des fantômes dont le reflet dans les vitres coulissantes disparaît à chaque station

 

mercredi 22 janvier 2025

un village avec des sapins verts et des paillettes rouges des traineaux rosebud taillés comme des drakkars dans une intention mortifère d’envierger le paysage au kärcher à neige au mur la photo d’un groupe de personnes comme celle de gens heureux dans l’ancien temps mais en couleurs plusieurs générations agglutinées en tenues de carnaval de Dunkerque un sourire timide au petit oiseau qui va sortir un sourire timide à la mésange virevoltant vers le printemps l’anorak marque la distance comme le comptoir d’une officine de pharmacie avec présentoirs à masques chirurgicaux et gels alcoolisés à l’eau les sillons tracés par les arcs-en-ciel chevauchant pluie et soleil au coin des paupières s’évanouissent dans l’angle mort de son propre visage

dimanche 19 janvier 2025

les fétus de paille sont la pluie du soleil accumulée tout au long de l’été ils sont des rayons cassés comme des spaghettis et regroupés dans un recoin de désert jaune séparé de la civilisation par une palissade de béton c’est ici que l’on s’imagine gisant écrasé de chaleur et immobilisé par une plaie ouverte au flanc droit le bégaiement du projecteur crachote des morceaux de souvenir sur l’écran blanc du ciel le tee-shirt rouge de la gamine et sa moue hésitante à l’approche de la bouche de Guillaume le cirque de ballots qui flamberait au moindre mégot inadvertant le trottoir oblique en face du cimetière que l’uréthane translucide avale avec juste un petit soubresaut sous la plante des pieds le plancher du grenier ou l’on effeuille en silence des magazines illustrés retraçant les exploits d’Alain Bombard une voiture vient de se taire à l’orée du désert l’ombre d’une brindille découpe l’horizon sa silhouette se précise dans le rideau à franges du soleil elle trébuche sur les mottes de terre déséquilibrée par son vanity case grand comme une glacière elle en sort un nécessaire élémentaire de nettoyage épidermique par le trou de serrure des yeux ouverts sur le monde on voit des firloupes grises qui semblent s’être déchirées de ses Stan Smith rappées et un pauvre tricot bleu marine qui protège le menu de son corps de la voracité de l’été ses doigts d’araignée filent d’un geste consciencieux le printemps fauché par la pandémie il se forme au-dessus de son masque chirurgical des liaisons de soie pendantes qui embuent son regard au crépuscule

mardi 14 janvier 2025

assise sur l’autre rive de la table en bois clair dans le contre-jour d’une vitre en plexiglas qui exhibe les feuilles luxuriantes du jardin sauvage elle apparaît intégralement nimbée de lumière comme Marie-Madeleine dans sa marinière blanche et bordeaux

 

dimanche 5 janvier 2025

à vélo en sweat-shirt gris à capuche c’est l’hiver mais il fait doux et c’est ensoleillé même la nuit ne pas suivre l’itinéraire du GPS rouler à l’instinct dans les petites routes de campagne pour rejoindre le centre de yoga ça serpente entre les champs les virages bordés de petits poteaux de pierre ça monte mais la pédalée est très fluide suivre l’indication du panneau rouge et jaune qui pointe Jardiland comme en Belgique le paysage intérieur se précise et comme attendu la petite route longe l’hôtel de bord de mer de Maria à Gerani