c’est
tout à la fin lorsqu’on quitte la ville après avoir piétiné plusieurs heures
dans ses traces on longe les hangars de la ville moche avec leurs enseignes
reproduites à l’identique dans toutes les villes moches c’est là-bas au loin au
bout des voies de liaisons que la terre se rebiffe elle arrondit le dos dans un
ronron primitif cet effort lui arrache une vapeur dense qui s’accroche à ses
cheveux comme de la soie d’araignée c’est tout à la fin qu’un début de miracle
se produit l’oubli écarte son rideau de gros drap l’oubli laisse voir et
regarde ailleurs la lumière se lève sur des vaguelettes de cheveux sombres aux
reflets de renard des cheveux qui se font de plus en plus fin et précis à
mesure que l’on s’éloigne du centre historique de la ville des cheveux qui
prennent désormais la force d’un souvenir d’enfance et qui tirent avec eux le
masque flou au travers duquel se dessine les contour anguleux d’un visage avec
une finesse timide une petite image de rien qui annonce peut-être l’aube du
printemps à venir
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