dimanche 4 mai 2014

c’est tout à la fin lorsqu’on quitte la ville après avoir piétiné plusieurs heures dans ses traces on longe les hangars de la ville moche avec leurs enseignes reproduites à l’identique dans toutes les villes moches c’est là-bas au loin au bout des voies de liaisons que la terre se rebiffe elle arrondit le dos dans un ronron primitif cet effort lui arrache une vapeur dense qui s’accroche à ses cheveux comme de la soie d’araignée c’est tout à la fin qu’un début de miracle se produit l’oubli écarte son rideau de gros drap l’oubli laisse voir et regarde ailleurs la lumière se lève sur des vaguelettes de cheveux sombres aux reflets de renard des cheveux qui se font de plus en plus fin et précis à mesure que l’on s’éloigne du centre historique de la ville des cheveux qui prennent désormais la force d’un souvenir d’enfance et qui tirent avec eux le masque flou au travers duquel se dessine les contour anguleux d’un visage avec une finesse timide une petite image de rien qui annonce peut-être l’aube du printemps à venir

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