le
vélo l’air doux le vélo qui cricrique quand on roule et qui freine quand on
recule une roue avant dépasse du fossé est-ce Rembrandt est-ce Picasso sur
place le son d’ambiance général est teinté d’épices les jeunes boivent du vin
rouge comme les vieux chez moi des histoires de danseuses qui se frottent les
poitrines jusqu’à ce que l’électricité advienne des histoires de main baladeuse
dans l’escalier des toilettes l’ambiance reste paisible et insouciante à l’abri
d’une toile de tente on sait la tension à l’extérieur comme à l’abri de la peau
de tambour du ventre ce tremblement qui enfle ces éclats de soleil suivis de
pages noires sont l’amour qui gronde l’amour insoupçonné dont on ne perçoit que
l’ombre inquiétante la manifestation d’un territoire inimaginable 22 ans plus
tard dans la file d’attente qui s’étire depuis un guichet en bois comme dans
l’ex-bloc de l’Est deux anges en appui sur leur aileron le
regard au Nord le regard clair sans aucune ombre à l’horizon elles sont les oiseaux qui traversent la pellicule surexposée par la
chaleur de l’été 76 les aisselles au vent les orteils pointés vers l’asphalte
deux anges incognito dans une file d’attente de l’Europe peut-être en va-t-il
de l’amour comme des rats une étoile qui file sur le trottoir dans un
sifflement aigu annonce peut-être la révolte qui grouille en sous-sol
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