l’humide
cour pavée la porte bascule dans un espace sombre comme un magasin d’antiquités
exigu comprenant un cabinet d’aisance qui a la blancheur d’un rajout tardif et
l’amorce d’un large escalier de bois noir et poussiéreux une rampe ancrée par
un gros pommeau-boule l’escalier craque sous les pieds on entend le bois
s’effriter et tomber dans les bacs à graines de la boutique du rez-de-chaussée
sur le palier la poupée seule ses bras sont frêles comme des bâtons ancrés à
hauteur des épaules et ses cheveux sont si fins que l’on croirait sa queue de
cheval composée de deux alors qu’ils sont vraisemblablement plusieurs dizaines
de milliers le temps épaissit parfois les cheveux mais jamais les dents la
revoici donc dans la file d’attente avec sa robe imprimée qui se défronce à
peine au passage de ses poitrines ses jambes sont les pilonnes de dieu érodés
par des siècles de travail dont l’âge précis peut se lire sur la tranche des
rondins qui lui soutiennent les talons
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