ailleurs
c’est très différent ce n’est plus le marasme des petites villes il s’agit d’un
village qui est l’avenir avec des enfants qui ne sont pas nourris à la poudre
on hésite à venir au village en amazone quand on connait le marasme des petites
villes c’est pourtant la posture qui convient plutôt que cette allure de
crapaud sur une boite d’allumettes qui renvoie immédiatement à l’image du
pauvre type au parfum de la suffisance caractéristique du marasme des petites
villes les habitants du village ne sont pas méfiants ils ne dévisagent pas
l’inconnu ils l’ignorent ainsi du garçon avec la caisse de bière à qui il ne
serait pas venu à l’esprit de proposer une canette à décapsuler la discussion
pour en savoir plus l’invité se trouve sous l’entière responsabilité de l’hôte
qui doit faire en sorte que l’invité soit aussi transparent que possible au
yeux des autres c’est parfois source de crispation mais la compensation rachète
tout c’est mon curé chez les nudistes
vendredi 21 février 2014
samedi 15 février 2014
le
petit soldat bleu veille sur Fantômette en appui sur le fer de la baïonnette au
ciel la Fantômette n’est pas de papier mais de paillettes de lumières et de
mohair on vient tremper ses pieds dans la piste en longeant les baraquements à
l’intérieur du presbytère les renards blancs sont des petites frappes que la
municipalité revêt de notoriété ils ne sont pas des gitans autour du feu ils
sont tout en haut dans la tourelle de l’usine qui diffuse la musique volée aux
gitans la milice veille à ce qu’il n’y ait pas de problème et que tout se
déroule comme prévu les corps se concentrent puis explosent à la croisée des
projecteurs pilotés par des robots-miradors parmi les silhouettes celle de
Fantômette que je peine à reconnaître tant son mohair change de couleur je ne
sais pas si j’ai peut-être croisé son regard dans le presbytère à cause du
tourbillon des saisons qui se succèdent à toute allure et à cause de ce réflexe
de salut maladif qui me fait espérer la douceur et redouter l’approche du temps
qui fripe les fruits et ensommeille les rêves sous une gangue de glace
mardi 11 février 2014
c’est
après le souper que l’on se promène car les journées sont longues l’agitation
brownienne des hannetons se tait et les pins sentent la lavande mon père porte
un survêtement de sport bleu-pétrole j’ai la chance de pouvoir rouler sur cette
merveille pendant une semaine acier vert-métal et selle biplace couverte de
skaï jaune et poignées assorties à travers les pins une forme jaune moins vif
jaune endormi une demi-sphère à motifs géométriques une immense carapace de
tortue ensablée les motifs sont des ouvertures pratiquées dans la paroi en
fibre de verre qui en se rétractant sous la semelle révèle son potentiel de
dangerosité fibre de verre indestructible potentiellement dangereuse pour les
siècles des siècles c’est le jeu éducatif d’un bébé géant qui doit glisser des
clefs en plastique géantes d’une multitude de formes différentes dans une
multitude de serrures géantes le sentier longe un miroir immense qui peine à se
rider sous la brise vacillante de l’autre côté du lac Léman la Suisse Omar
Sharif envoie des flashes lorsqu’il ouvre le couvercle argenté de son étui à
cigarettes des flashes si intenses que la mémoire du lendemain ne garde aucun
souvenir
mercredi 5 février 2014
un
établissement très ancien un établissement qui a accueilli de nombreuses
vedettes du show-business de nombreuses photos tapissent les murs verdis par
l’éclairage la dernière bière du petit matin café pour moi il n’y a pas de
croissant à la carte tant pis il faudra trouver ça ailleurs ici c’est chaud et
humide ailleurs c’est froid et humide mais le jour se lève ça sèchera en
quelques heures le croissant n’est pas direct voici établissement de culture
croissante mais nous sommes en territoire frontalier j’ignore s’il s’agit de
fromage ou de graines de sésame toujours est-il que c’est bon ensuite la
grand-place ensuite le cœur de la ville en boudant le gisant porte bonheur pour
se débarrasser des remembrances parasites pour laisser le boulevard libre à la
romance qui pointe avec le jour il faut s’amoindrir la vue en louchant sur les
dorures sous le soleil qui rase le pavé ensuite on intique son regard dans un
œilleton pour voir les grimaces s’allonger sur les visages de pierre
dimanche 2 février 2014
les
murs de cimetières sont des repaires à canettes des repaires à capotes les murs
de cimetières sont des repaires à paquets de clopes des repaires à boîtes de
médicaments qui traînent ensommeillés les yeux grands ouverts sur le ciel ou
gris ou bleu ou pluie ou lumière pour boire ce qui suinte comme l’ermite suçant
la pierre les murs de cimetières sont des empilements de galets maquillés en
châteaux de sable des murs de blockhaus des barrières de dune qu’il faut
franchir fusse-t-on à bicyclette on peut du moins grimper pour voir par-dessus
les plantes qui irritent entre les orteils il faut passer de 0 à 90° il faut
enrouler l’angle droit il faut s’appuyer sur la courbe que l’on imagine pour se
projeter sur la verticale et voir les dauphins faire de même par-delà le mur du
cimetière
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