Sous les tilleuls, Philippe est pris de la danse de Saint-Guy. Il court furieusement autour de la Ford Fiesta bleu turquoise en écrasant mon Sais-tu sur le capot. Au coin de la rue se trouve la boutique de Dany-Mode. Des mannequins graciles vêtues de viscose vaporeuse y sont figées dans l’éternité comme des fossiles sous la résine de la vitrine. Celle qui traverse le parking désert sort de chez Dany-Mode comme l’atteste sa mise fière et coquette. Ses yeux ont bu la pluie de l’azur. Ce ne sont plus des billes de bois peintes à la main. Ses hanches ont pris l’assise d’une femme. Ses chaussettes bleu marine sont la signature de son passé derrière la vitrine de chez Dany-Mode. Elles sont surlignées des lanières de salomés vernies assorties au cuivre de sa coupe garçonne. Elle ne reviendra plus chez Dany-Mode dont le sol est jonché des têtes de Jean-Baptiste dévissées pour revêtir les hommes-mannequins de la nouvelle collection des plastrons et chemises à cols boutonnés. L’ex-mannequin devenu femme s’approche de la Ford Fiesta, saisit le Sais-tu et le croque goulûment.
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