Au plein cœur de l’été, Marie-Églantine sillonne les ruelles pavées de la vieille ville sans que personne ne sache. Celle qui fut érigée en symbole de la nation déambule librement au milieu de la foule derrière la sérénité de ses verres fumés. Il fut un temps où les assermentés et leurs camarades de garnison attendaient fébrilement chaque lundi matin l’entrée dans le hall encaustiqué du buste de Marie-Églantine avec son sein droit gorgé du soleil d’Argentine s’échappant de l’échancrure de sa marinière. Ce lundi n’arriva jamais et Marie-Églantine, n’ayant rien perdu de sa superbe, se promène aujourd’hui incognita à quelques bordées du Velay de ses ancêtres.
mer
samedi 30 août 2025
vendredi 29 août 2025
dimanche 24 août 2025
Il n’est pas si courant de trouver casquette de routier à son pied. Aussi trouver une paire de casquettes pour ses deux pieds est extraordinaire. La jointure de la maille souligne à la perfection la ligne du talon et on prend toute la mesure de l’inachevé du pied sans sa casquette de routier. Les véritables baguettes françaises sont fuselées et ne porte aucune trace de farine sur leur peau dorée. C’est ainsi qu’elles sortent du carton à chapeau qui cache tout au fond une couque suisse. Le ciel se reflète dans les lunettes miroir qui intègrent toute la diversité de la ville dans leur champ de vision : le sac Lidl qu’utilise Sébastien pour transporter ses câbles trouve son harmonie sur les trottoirs pavés du vieux Lille, à l’aplomb des vitrines de luxe, les étoffes bleu ciel apparaissent mauves sous les néons orange du tunnel routier et tout devient beau comme il ne l’a jamais été. Ces lunettes sont l’accessoire imaginé par des opticiens profondément ecclésiastes pour révéler la lumière sacrée au cœur de chaque chose.
mercredi 13 août 2025
On penserait ces spartiates dans une vitrine de luxe de la Piazza San Marco. Or, la poussière noire collée sur le caoutchouc fondant de la semelle blanche les originent indubitablement dans le hangar d’une zone commerciale. C’est en expirant dans du bubble-gum que le Titien a photographié ces manches bouffantes dont depuis se parent les princesses aspirantes pour la ronde vénitienne around the clock. La taille d’Eostre est enserrée dans la cheminée de viscose imprimée d’une tente d’indien. En levant les yeux, on imaginerait les dessous de la belle époque. On verrait le ciel azuré se fondre dans l’origine du monde où la rosée du matin, les grappes de poires et le vol des libellules prennent leur source.
dimanche 3 août 2025
On distingue les photons pointus des photons émoussés par leur aptitude à révéler l’effet du temps qui passe. Ainsi les photons pointus grignotent le marbre qu’ils transforment en béton rugueux. Ils en effacent progressivement les fossettes. Ils gomment la chair jusqu’au squelette qu’ils pulvérisent. Ne subsiste alors qu’une fine couche de poussière sur l’encaustique des souvenirs. Au contraire les photons émoussés adoucissent la pierre jusqu’au marbre pour en souligner les veines qui rythment la cartographie de la vie.
lundi 21 juillet 2025
Couper la chaîne des longues journées de séminaires. Barboter quelques denrées au buffet pour les manger dans la marge d’une sombre cellule ou à l’cour, au calme… Le séjour qui s’achève n’aura même pas remarqué la beauté des collines arborées qui surplombent le rivage… Soustraire quelques croquettes d’épinards ramollies de la large table nappée de papier blanc, les reconstituer dans un wrap trop petit entouré d’un torchon beige pour éviter que ça coule par terre. Le torchon est dégoutant mais on peut retourner dans la pénombre des commodités communes pour rincer l’ensemble sous un robinet d’eau froide. Ce diner est immangeable. On verra plus tard… Depuis un salon d’autoroute posé dans le creux d’un virage, on voit des jeunes gens plonger dans le coucher du soleil sur la mer grise. Au bar du village, deux étudiantes prennent une bière blonde cappuccino. La brune a le poignet fin et la main chaude. Elles seraient partantes pour un bain de mer. Les bracelets-montres indiquent avec incertitude 19h30 ou 20h30. Dehors, le crépuscule doit s’être noyé dans l’océan des jours. Il est probablement trop tard.
dimanche 13 juillet 2025
À Monza, il y a des volutes de pétrole qui émanent des tuyaux d’arrosage, des mirages qui émergent de l’asphalte ensoleillée et des filles jaunes aux long cheveux blonds. À Monza, les pneus sont lisses comme la tête de Kojak et les clefs en croix claquent sur le bitume pour libérer des spectres ensuentés qui s’extirpent de leurs sarcophages en combinaisons multicolores tachées de cambouis. À Monza, l’adhérence n’est pas prédessinée, elle s’opère dans l’instant de fusion des dérives pétrolifères.