vendredi 6 juin 2025

La toile est orange comme le crépuscule parce qu’au-delà, il n’y a rien. Une rangée de pissenlits danse à la lisière de l’écran comme des indiens en fête qui s’évanouissent dans les heures. La fumée glisse à l’infini de la cheminée, dans l’orifice caoutchouté du périscope, étiré par des tiges de bois jaunes cerclées de laiton. L’humidité de la terre se condense sous le fond de culotte en plastique gris. Ce minuscule empire de toile orange concentre le proche et le lointain, le jeune et l’ancien. Mustapha coupe des tranches de pastèque posé à même le schiste du parking, dans une bassine bleue pour ne pas souiller la France du jus de sa nourriture étrangère. Les suppliciées des paperbacks sont allongées à côté des martinets, avec leur manche de bois jaune et leurs nouilles de cuir noir enserrées d’un ruban de chatterton vert. C’est Pif et son gadget. Cindy est bien moins ébavurée sous son blister que les vaches et dindons dans leur sachet. Le plastique éternel donne l’illusion de l’enfance immortelle. C’est la bouée qui maintient à flot dans l’océan qui s’évapore. Sous le rosé des primevères, la lune est ceinturée de dentelle bleue nuit.

 

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