la nuit est une boîte tapissée de papier buvard gorgé d’encre Waterman le halo qui tombe des pilonnes magnifie le pavé la chenille qui court sur les ampoules fait clignoter les pupilles la nuit est une boîte qui se consume de l’intérieur la nuit est une boîte de nuit un cube est encastré dans la barraque à nougats une autre boîte pas plus grande qu’une niche fermée de petits rideaux de velours rouge qui dissimulent une vie minuscule les rideaux s’ouvrent de temps en temps comme un coucou un visage d’homme adulte posé sur un mini-corps encostumé avec des souliers soigneusement cirés qui pointent sous le revers d’un pantalon de poupée Prince de Galles sort de la niche Papa et Maman sont à côté un petit tour et c’est fini la danse mécanique s’arrête les rideaux se ferment en soufflant le malaise d’une queue de comète pailletée dans la nuit la niche est un interstice dans le buvard Waterman le trou d’une serrure par où la voie romaine s’extirpe dans la montagne avant l’invention de la machine à vapeur les roues cerclées de fer écrasent le granit sous le poids du chargement d’offrandes elles y gravent un sillon millénaire de veines grises et noires jusqu’au plateau de la Vénus callipyge assise en diamant sur un bloc de bois tendre le serpentin de la route est un fil tendu entre les rideaux de velours rouge qui ferment la nuit et les pans de granit qui concentrent la lumière de midi sur le sourire mélancolique de la déesse
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