aucun risque de s’égarer dans les couloirs de l’aéroport de Merville à l’arrivée Fruchart temporise l’autocar-navette avec son composteur il a troqué sa blouse en nylon marron pour une chemise blanche parce que c’est l’été le ruban de chatterton sillonne le long des cafeterias en plein air avec les tables et parasols plantées dans la tignasse jaune des herbes folles au milieu de ces établissements une maquette d’avion orne le portail d’une école de pilotage de l’autre côté de la route le soleil étanche son feu dans l’huile de la mer et sa lave est complètement engloutie lorsque l’autocar-navette arrive dans la ville comme un sous-marin en immersion sous la nappe d’huile l’autocar-navette pénètre dans un sas constellé d’éclaboussures au parfum de forage c’est une gare de transit vers la fête à neuneu du Mont-Noir le marché s’agite dans la nuit étoilée d’ampoules jaunes une fille en sneakers et jean slim règle la circulation dans le mouvement chaoteux de l’autobus suivant les règles de la relativité elle clame les stations d’une voix plantée dans le terroir de la route elle distribue les tickets et rend la monnaie des esquimaux avec l’énergie et le sourire naturel du travail bien fait l’autobus escalade la nuit le long des trottoirs tamisés par la lueurs des barraques foraines à la descente du marchepied ce ne peut-être que tout droit mais la perspective est bouchée par les pachydermes qui écrasent la mosaïque des pierres de leurs lourdes pattes caoutchouteuses sur la gauche un cube de verre immaculé éclairé de l’intérieur comme une antre de la bible au bord du pédiluve deux vestales en hauts-tallons et tulle de soirée leur sillage de fragrance poudrée débouche dans le hall d’un bungalow obscurément étagé et percé d’un large escalier de bloc hospitalier une lourde porte de plastique pivote au premier tour de clef c’est ici que l’on s’allonge à quelques pas de l’écume tapie dans le noir
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