samedi 21 décembre 2024

cette musique des métropoles égoutte ses pixels ronds dans les coudes des canalisations qui longent le martèlement des pas dans l’écho des souterrains les talons sont aussi carrés que des marteaux dont les petits coups de pied offrent une préhension ergonomique ils sont taillés pour le vacarme du 35 soyeux sur ses jambes duveteux sur sa tête et lumineux dans sa fatigue à l’entrée de l’hiver

dimanche 8 décembre 2024

il est minuit dans la maison et des bruits contre le mur de derrière il y a cette femme sur le seuil trop grande pour l’enfance et trop jeune pour l’âge d’or elle se tient sur le perron de l’arrière cuisine sur fond de lanières en plastique d’un rideau multicolore le rose du plastique sur sa grande bouche des gants de pilote automobile en peau noire interroge la cannelle de son soleil à l’extérieur de la maison se déroule un après-midi d’été le long des allées de schiste qui serpentent entre les pelouses des gens se promènent vêtus du blanc des tenues de tennis à l’arrière des vestiaires du comité d’action sociale de jeunes enfants jouent accroupis c’est la source du bruit qui résonne dans le minuit de la maison

samedi 30 novembre 2024

devenir un carré jusqu’à ce que ses arêtes pénètrent gentiment l’enveloppe de la chair bleue pour l’aider à se tenir d’équerre devenir un carré jusqu’à ce que rien ne dépasse de la boîte répliquée et empilée parmi les autres cubes comme dans un jeu d’enfant distopié un playtime où la ville disparaît dans un basculement de portes vitrées apprendre le corps à se plier en quatre pour demeurer comme Houdini dans le cocon de l’invisibilité autant que nécessaire

dimanche 24 novembre 2024

il existe des verres bleutés à l’eau de javel de piscine qui donnent un air myope même quand on ne l’est pas est-ce-que les chansons n’ont pas toutes déjà été jouées est-ce-qu’il y en aura toujours des nouvelles jusqu’à la fin du monde combien en reste-t-il

samedi 16 novembre 2024

la clef dans le dos du plongeur pourrait rouiller dans l’eau salée de la mer comme la manivelle dans le bec du gros poisson orange aux nageoires de caoutchouc mais puisque dans le lac Léman aucun problème il y a cette pinède à Pont-L’Abbé qui laisse deviner entre ses troncs noirs les reflets du lac tandis que les gros pneus du vélo vert et jaune écrasent le tapis d’aiguilles mortes ils apparaissent de dos car déjà partis leurs visages appartiennent à l’éternité précieuse du néant et ils peuvent regarder dans les yeux du soleil sans en être éblouis

mardi 5 novembre 2024

la lévitation forme un bouclier horizontal elle est une planche de salut dans les lames du fond d’où elle surgit comme la boule blanche du prisonnier la chaleur du plexus solaire devient suffisamment vive pour compenser la lourdeur de l’être concassée dans des sacs de sable la lévitation s’opère donc à la mesure d’un délestage à l’image du plongeur de Pif Gadget qui s’élève en direction du goulot sous la poussée des bulles de la fermentation de ses palmes les ailes de l’avion s’allongent pour imiter les bras du Christ en croix mais le cruciforme est la visserie d’un monde en perdition où ne subsiste que l’incandescence éternelle du souvenir

jeudi 24 octobre 2024

le petit sac de jute noué d’une cordelette tout au fond du placard de tôle cache un pain d’épices de fête dans son emballage surprise c’est l’annonce d’un changement de saison ou d’un début de vacances l’orange est un soleil d’hiver qui garde en son cœur le parfum bitumé des poteaux électriques en bois plantés dans le schiste l’orange dégouline des doigts de Laurence jusque dans la manche de son ciré jaune l’orange se couche dans le dos de Philippe quand il se cogne la tête de contentement en trépignant dans la poussière de schiste au lieu d’un pain d’épices lysergiques nouée d’une cordelette kinbaku c’est de lévitation dont il s’agit c’est l’air chaud qui gonfle la poitrine et s’écoule des épaules jusqu’aux reins pour provoquer la douce élévation des montgolfières au souffle orangé de l’aurore

samedi 12 octobre 2024

un gros sac blanc matelassé de fleurs pastelles renferme mille trésors amassés au fil des plages d’un disque 33 tours sa fine fermeture éclair orangée est une ligne d’horizon trottinant en marge des zéniths à l’intérieur une chemise de lin froissée un épais drap de coton tissé bleu nuit contre les aiguilles du soleil qui piquent le duvet blond de ses longues jambes de larges lunettes fumées à la monture de travers et le livre d’une poétesse fin-de-siècle son minuscule visage sépia cerné d’ombres sur la vignette en quatrième de couverture dort sur le transatlantique tandis qu’elle disparaît toute habillée de bleu dans l’écume

samedi 28 septembre 2024

les doigts de Schubert tricotent sur la nuque d’Anne-Charlotte un bretzel emmêlé de vagues au nombre de 3 qui se dilueront au bout de deux heures à peine dans le flux de l’air conditionné Schubert ne tient pas en place ses longues jambes s’ouvrent puis s’étirent droit devant au point de faire saillir les muscles de ses mollets son buste se vrille à droite puis à gauche pour saisir à pleines mains le dossier du fauteuil comme pour l’arracher avant le concert de Vince Taylor à l’Olympia Schubert s’allonge dans le lit du Gange où l’on vient de toutes les régions de la terre et de l’être pour y dissoudre ses peines et ses désirs en s’immergeant tout entier jusqu’au tréfond et c’est lorsque que les doigts viennent au contact de l’inimaginable dans le flou de la chaleur entre solide et liquide que s’écoule une nouvelle rivière incroyablement bleue

dimanche 15 septembre 2024

Walker longe le corridor à grandes enjambées vers le Point Blank mais ses pas restent sourds dans sa tête l’image d’un gamin en tricycle les roues creusent l’épaisseur de la moquette aux motifs géométriques le corridor s’ouvre sur une large pièce d’où émane une voix calme et solide something is happening here sur le mur du fond un écran projette des croix jaunes qui sont en réalité des chapelets de perles d’or la femme aux long cheveux noirs assise derrière son pupitre vante les vertus des brisures de symétrie pour véhiculer la lumière

mardi 10 septembre 2024

Anita se met au travail dans l’antre dorée qui s’ouvre sur la ville grise par un rideau de tôle froncée couverte de peintures bigarrées sur la droite un trône en velours à franges vertes sur la gauche un autel laqué de jaune puis cette stèle que l’on imagine taillée dans le rumsteak d’un arbre et ainsi de suite jusqu’au fond de la caverne dont les parois sont parsemées de chisteras à fond miroir qui nous retournent en pleine face tout droit dans l’infini avec la vigueur d’une gifle des frères Etcheverry Anita s’affaire avec des burettes visqueuses qui sécrètent un liquide bien plus épais que l’huile de coude puisqu’il ne s’agit pas de fluidifier la fuite du temps mais au contraire de figer l’instant dans la valse des planètes à l’image des paroles légères qu’Anita prononce dans le combiné téléphonique et qui s’approfondissent en s’incrustant dans la viande magnétique des années from her to eternity

vendredi 6 septembre 2024

une route en descente où tout roule jusqu’à l’instant où le courant s’éteint et plonge l’habitacle de la voiture dans une nuit profonde comme l’intérieur d’un bathyscaphe l’unique source de lumière est celle du cadran phosphorescent d’un radar détecteur d’engin qui n’indique que la vitesse figée dans le temps de l’automobile aveugle autour le monde continue et il est impossible de se garer sur le bas-côté puisqu’on ne sait pas de quel côté il se trouve et il est impossible de stopper le véhicule qu’on imagine dériver au milieu du trafic d’une voie rapide on peut juste tourner le volant un peu à droite un peu à gauche en serrant les fesses et raidissant l’échine comme dans les autos-tamponnantes puis la lumière soudainement revient au milieu d’une brume matinale on se découvre en marche arrière à contresens au sein d’une circulation aussi docile qu’une image d’Épinal de la Nationale 7 avec une Simca marron qui s’approche doucement dans le cadre embué de la vitre arrière

mardi 20 août 2024

l’alignement des planètes tel qu’il se pratique dans les jardins publics japonais est une offre de voyage au centre de la terre la peau de la terre est riche de toutes ses teintes textures et granulosités elle est habillée de tous ses motifs et bannières sociales plus ou moins signifiantes l’alignement des planètes est un trait de caractère de la ville une fossette sur son sourire la saillie d’un tendon sur sa cuisse un bras étiré dans la conscience de son mode propre l’alignement des planètes imprime son temps en résonance et en réaction dans les pas des silhouettes de tous âges et de toutes conditions qui longent le parvis la forge des tambours n’en finit pas d’ancrer les racines tandis que les cordes frottées sur le bas de l’épine dorsale attisent le balancier des hanches et la rotation naturelle de la lune l’alignement des planètes ouvre quantité de fenêtres minuscules par où s’échappe la poussière et s’engouffre la lumière pour accumuler en son centre le potentiel d’une énergie susceptible de déraisonner l’état des choses

lundi 19 août 2024

Mary Poppins n’est pas la bergère allemande du shérif car des grelots de caniche pendent de son ruban tour-de-cou de satin rouge Mary Poppins n’est pas la canichette du responsable marketing car l’étiquette blanche avec prix et code-barre est restée collée sous la semelle grise de ses nouveaux escarpins à hauts talons Mary Poppins a le museau surmonté de lunettes à monture acrylique noire sa jupette à volants crème est le parapluie qui la porte dans les airs et l’élève toute droite au delà des nuages jusque dans les rêves étoilés des enfants

dimanche 11 août 2024

la face cachée de la lune c’est Dalida qui chante j’attendrai le jour sans terminer son refrain - les demi-lèvres et le coin de regard dessinés par Cocteau sous une cascade de cheveux ondulant comme un souvenir figé à la laque Elnett - les planètes semblent retrouver l’élastique envol qu’elles avaient lors de cet été érotique où Armstrong a marché sur la lune les résilles dont on habillait les premières montgolfières peuvent parfois les emmener plus près du soleil – la nuit se fronce à la taille sous le lycra qui bombe le cul de l’indécente beauté qu’elle sait déjà mais qu’il est doux que tout le monde sache - la nuit s’épuise en un trait qui laisse apprécier la revanche du soleil salé d’une chaîne de coquillages de Camargue – le cinémascope qui crépitait sur les moon boots d’Armstrong bégaye désormais sur les socquettes parmes corollées de blanc-mariée qui affleurent à la bordure de sneakers foulant silencieusement le pavé de la vieille ville

vendredi 9 août 2024

Sneakers piscine avec du chlore chandail caniche qui change de couleur suivant la pression atmosphérique de Lourdes tour de cou de ducasse entre les esquelettes et les jeux de cartes coquines cheveux plaqués à l’eau sucrée découvrant sous les oreilles des taches brunes qui dessinent un pointillé vers le regard sans soleil de l’hiver sans Noël

lundi 5 août 2024

Pierre Allure roule vite il dévale l’ancienne route comme un maboule file entre les ferrures du pont des suicidés puis plonge dans l’eau noirâtre sans freiner son vélo qui n’a pas de frein les silures s’en fichent les silures ont l’habitude Pierre Allure a une corde attachée au cadre de son vélo elle est verte de vase comme l’amarre d’une barque il sacque dessus en trébuchant sur les herbes folles de la berge c’est pour tout ça qu’il promène constamment dans son sillage un parfum de fond de rivière avec ses long cheveux trempés collés à son visage illuminé

jeudi 1 août 2024

Cordyline fait la fière dans sa jupette en carton paraffinée bien calée sur la cuisse de sa maman qui la tient par les hanches de sorte qu’elle se dresse altière parée de ses plumes vertes ourlées de rose - ses innombrables orteils minuscules fouillent la terre d’Ermenonville parsemée de poils de biquette

mercredi 10 juillet 2024

pour fluidifier le tourisme olympique dans la capitale parisienne le comité dépêche des femmes fontaines Wallace la France gonflable chante ces femmes magnétiques et déchante des supporters insupportables Labiche en perd ses jarretelles - le bonnet frigide et le clitoris en peluche sont l’émail diamant et la face charbonnée de la lune - le chevalement est monté sur escarpins vernis beiges il a la peau diaphane du poulet déplumé les parures dorées et la braise ardente d’Erzulie Zieux-Rouges

 

jeudi 27 juin 2024

accompagner la révolution naturelle de la société nationale des bétaillères en plastique – se munir d’une poche de terre constellée de semences de lierre – le lierre est doux au toucher et frais à l’atmosphère il ne portera pas atteinte au confort des voyageurs – saupoudrer la terre ensemencée dans chaque rainure encoignure et à l’aplomb des parois et dans le fond des surplombs où l’on se cogne régulièrement la tête – se diriger ensuite vers les commodités pour s’y rincer les mains à l’eau non potable – remplir tout de même sa gourde non pour y boire l’eau au goulot mais pour en arroser la terre mouchetée de vie – chantonner pour accompagner les premiers soubresauts de la morphogénèse qui se met en branle – arroser tout partout abondamment puis se reposer comme au 7èmejour en s’émerveillant du monde accompli qui défile en travelling dans l’écran de la vitre sécurit – renouveler la manœuvre à chaque voyage dans chaque région de France pour nationaliser cette révolution tropicaliste – la semence ne tarde pas à devenir fruit ainsi le lierre par les interstices s’immisce dans la machinerie s’enroule autour des essieux pour ralentir la turbine – la poussée de combustible des racines arrache les fauteuils en plastique du bas de caisse en linoleum – pour laisser libre cours à la nature rampante les banquettes grises sont remplacées par des hamacs qui épousent naturellement le roulis du voyage – les contre-danseurs et contre-danseuses tombent leurs uniformes de tergal pour des bikinis et chapeaux de paille d’Italie – c’est l’avènement de la paix sociale

samedi 8 juin 2024

ce temple borné de cloisons de verre est cisaillé de plateaux qui communiquent au moyen de tapis roulants ascensionnels et descensionnels - c’est un autel sensationnel pour les souris Maus de tous âges et de toutes conditions – un glissement de terrain provoquerait l’effilochement du légo et l’égo dégorgerait son polystyrène - les légos sont empilés du sol au plafond derrière la paroi du bénitier des amphibiennes posthistoriques - plus loin un aquarium tapissé d’algues en plastiques vert hurle dans l’attente du messie avec un petit trou au-dessus de sa grosse tête ronde pour faire des bulles – des basses veloutées s’échappent d’un musée liturgique moquetté de rouge aux murs garnis d’un soulier par-ci un soulier par-là comme les étagères d’une bibliothèque apple-store pour prolétaires – c’est ici que s’élabore la messe du temps présent entre les auréoles de soda et les chewing-gum abandonnés dans les recoins sous les néons crus d’une discothèque défeutrée par le matin – l’enfermement n’est que l’apparence qui a dicté l’édification de ce temple où les âmes s’immiscent pour s’accrocher et croître sur l’immobile comme du lierre

mercredi 22 mai 2024

Mad Max n’est pas si fou que ça il fait des cascades il casse des gueules et des voitures mais il ne fait que nager dans l’eau de son bain - ce n’est pas la même chose pour Madeleine ses collègues parlent de jantes lustrées et de culbuteurs à la sortie du garage Madeleine n’est pas à sa place et ça pourrait suffire à la rendre meshuge elle ne dit rien comme si elle attendait le bus - quelle ligne emprunte-t-elle pour se rendre au supermarché - de son tote bag imprimé de jaune et de rose pointe le goulot d’une bouteille de bière modernement traditionnelle car c’est vendredi - sur le tapis roulant en caoutchouc gris des morceaux de viandes rouges dans l’os une déchirure dans le blue jean délavé de son épaule droite l’habit serait-il relié à la chair par le fil invisiblement tendu d’un cerf-volant - il s’agit d’une illusion parce que l’œil de Madeleine n’est pas poché et parce qu’elle porte des baskets à scratch - et puis elle s’en va comme la fin d’une chanson de Daniel Darc

jeudi 25 avril 2024

le sheriff a peur de la chasseuse alpine renault Jacques Lafritte belge elle est coiffée du printemps qui sortira du permafrost des pleines de Sibérie sous le bouclier de sa barbe bleue peut-être pourrait-elle tout estourbir d’un coup de mousquet puis conserver les estourbis dans un garde-manger à porte moustiquaires ses tennis blanches calées dans les étriers ont mangé toute la poussière des pleines de Mongolie ses yeux ont bu toutes les couleurs du ciel le vent déborde de ses voiles la dentelle de sa barbe bleue est une invitation à l’absolu pieu des napperons du tabernacle du châle de Marie-Madeleine et de bien plus encore

dimanche 7 avril 2024

les vermicelles sur le feutre de la nuit sont les boucles blanches de l’agneau pascal la nationale 7 a les jambes d’une danseuse de bastringue sous les chevrons de nylon noir elle file à l’aplomb de la lune cachée sous la feutrine nocturne la Cucaracha tire les minuscules cheveux d’ange sur le sommet de la tête elle est le trait d’union entre le ciel et l’esprit Cléopâtre en cachait peut-être une sous sa couronne de la Haute-Égypte et de la Basse-Égypte

mardi 2 avril 2024

une allée engorgée de foule séparée d’une esplanade de pavés rouges interdiction de marcher police partout minuscule bordure d’aluminium à enjamber comme pour rire pour contourner l’entonnoir police partout noyée sous l’eau de la foule au creux du virage une militante du climat harangue sans prêchiprêcha explique calmement ça prend du temps ça ralentit jusqu’à l’embouteillage ça discute sans prendre garde à la mer qui monte jusqu’au-dessus des têtes la maréchaussée ne peut rien contre la marée montante la militante du climat laisse glisser son treillis cargo sur ses chaussures de rando elle se révèle en maillot de bain une pièce à fleurs oranges qui est une tenue de circonstances puis la marée descendante disperse les estivants dans le ventre de la ville sans le soleil ça continue sans être pareil dans l’ombre de la tanière le gorille se fait jour et la nature se lézarde la clef offerte restera prisonnière de son anneau qui tourne en rond c’est la fin de toutes les offenses la militante du climat monte dans sa vieille voiture Crit’Air 4 l’histoire s’enfile dans le trou de serrure l’histoire s’écoule sur le bois des escaliers l’histoire marche sur le trottoir de l’artère principale en direction du centre commercial enjambant la Deule qui marque l’entrée du détroit de Gibraltar 

samedi 30 mars 2024

le cadre noir et blanc d’une nuit sans lune la rémanence d’un halo moucheté témoin de l’évanouissement des pixels picotent au fur et à mesure qu’ils s’éteignent des pointes d’incandescence tordent l’être puis l’apaisent à chaque aiguille extraite de la poupée vaudou l’automne évidé dort sous le coton de l’hiver qui travaille lentement dans le bas fond de l’image d’Épinal pour faire mousser le printemps qui chatouille l’intérieur des épaules au contact des pétales multicolores et des lapins de Garcimore

dimanche 17 mars 2024

il demeure des traces de la présence indienne dans l’humidité de nos forêts vertes avec les nattes brunes qui coulent de part et d’autre de la nuque avec l’anneau d’argent qui surligne le vif de l’air vierge avec les chaussettes noires à fines rayures oranges qui éloignent les scolopendres de la morsure aux chevilles avec cette goutte pesante et vaporeuse comme détachée d’un parasol tropical après l’orage

jeudi 7 mars 2024

on peut penser que le Petit Jésus a toujours raison mais sa naissance n’aura jamais raison de tout la silhouette sitôt libérée de la dernière goutte des eaux recommence à se mouvoir dans la densité d’une vapeur d’éther nimbée d’une phosphorescence signifiant son retour parmi les hommes les cheveux ont repris racine non pour repousser mais au contraire pour attirer le marin dans leurs hameçons incandescents qui pendent jusqu’au mitan du dos de la fille du feu de Christine Bassery le sourire au ciel est magnifié par la lentille du phare pour provoquer le naufrage de la coque sur l’ilot déserté tandis que le jeune aviateur Bauman est affairé au transport du Petit Jésus couché sur son lit de foin environné de l’âne et du mouton qui sont ses compagnons de naissance

dimanche 3 mars 2024

charrier du gravier rouge creuser jusqu’au tréfond de la terre un mètre carré pas plus jusqu’au soleil couché au fond du puit de la javel jetée sur la toile comme des fonds de bassine sur les quais de la Seine la belle des champs n’est pas blonde avec une chemise à carreaux elle est rousse à fleur de peau de Saint-Albray les ridules de ses yeux sont les fossiles du soleil qui grilleraient aussi sec la panse grise visqueuse d’un poisson chat comme des sardines sur les berges du Douro l’écrevisse sourde tapie dans la poussière de l'administration communale brûle du rouge des pierres qui rient à rendre fou quand on les brise

lundi 26 février 2024

mais où sont passées les gazelles elles se sont réfugiées dans le creux de l’histoire pour réécrire la préhistoire elles réapparaissent dans la ville l’air de rien vêtues de peau de panthère sur leur quilles d’Antilope elles portes le Saint-Chignon Ninja sur une silhouette imperméable kaki le visage barré d’une boîte aux lettres par où tout sort et tout rentre pour faire clignoter deux billes électroluminescentes 

mercredi 21 février 2024

c'est bel et bien la figure de Pimprenelle sur son lit de poireaux deux rues au-dessus si c'était jour de pluie le goutte à goutte de la bâche orange ferait rideau de dentelle mais il fait sec et les petites fleurs imprimées offrent l'illusion bon marché d'une prairie en rosée tombée du ciel en volutes gitanes ça sent le cuir et le poisson fumé au bois de cagette bonjour brille le soleil en perçant le goudron de cratères magnétiques qui caillent le lait des vaches jusqu'au fond du trou

samedi 17 février 2024

du côté du Western ou du côté de l’Eastern autrement dit de la Pâques du culcul avec un noeunoeud sur le dessus comme s’il avait mal aux dents et quand le culcul grossit au point d’éclore le noeunoeud glisse naturellement sur le dessus de la tête c’est la raison pour laquelle l’œuf a cette forme de crâne d’œuf c’est parce que la nature est bien faîte et le noeunoeud sont les oreilles du lapin de Pâques à l’Ouest sont les mystères l’escalier craque sous les talons aigus avant même que le pianolala s’emballe l’air est tendu comme un bas nylon il s’engouffre dans tous les trous de la serrure et donne à voir la planification du désert de sel qui dore les épaules et donne à entendre le cheval-insecte qui dévale les strates de linoléum pour rejoindre la civilisation en contrebas

dimanche 21 janvier 2024

de la bonne terre avec du fin cailloux blanc qui filtre et garde l’eau tout en dessous des crampons de catchouchou qui ne vont pas tout gicler sur le paletot la berdoule c’est Liège Bastogne Liège c’est pas la Californie la perruche avec sa robe alohée de printemps et le rouge à lèvres sur son bec qui se pose sur mon frêne c’est la Californie la fluette enchantée fuit dans le lointain cul de sac elle va peut-être jouer la flûte à Régis elle est l’aiguille de la boussole qui indique midi à Bastogne en partant de Liège pour rejoindre Liège Ouest s’achève comme Est les lettres o et u servent à recoller sur lui-même le ruban de la Deule tandis que le Saint-Office s’accroche à la terre plate qui bascule sous le poids du clergé et au non-sens de la Deule en ligne droite qui ne pourrait que fuir d’un côté ou de l’autre